L’art postal est un acte de correspondance.
Pensée, œuvre, timbre, bureau de poste, attente, réception.
Je ne conçois jamais un envoi pour une personne mais grâce à cette personne. C’est elle qui me donne le désir de créer, de lui dire quelque chose de particulier, de me pencher sur notre relation, de prendre le temps de mettre en perspective une pensée et sa forme, et de prendre le risque de perdre ce temps là, l’envoi peut ne pas arriver chez son destinataire, ce risque là est toujours présent, il fait partie intégrante de cette démarche artistique.
Une œuvre postale laisse une trace. C’est un travail sur les traces. Sur ce qui peut se dire sans se cacher, ce qui peut voyager, ce qui peut s’exposer, s’imprimer.
Chaque enveloppe / objet, une fois postée, me place à une distance juste avec l’autre, j’ai écrit un signe dans mon langage. « Faire » du mail art, c’est être deux dans un moment solitaire. C’est être absolument seul dans l’élaboration de l’envoi et à la fois tourné vers la pensée de l’autre, dans un état d’intimité créative et de concentration.
Cette pratique s’inscrit dans le temps de la poste, c’est lui qui définit la durée du cheminement, de l’attente.
C’est un paramètre très poétique, car c’est un rythme lent, raisonnable, nécessaire, tranquille, une vraie résistance face à l’exigence permanente d’immédiateté.
L’art postal se partage, diffuse, et je reçois beaucoup d’œuvres d’autres artistes, c’est un échange très généreux.